[FOCUS] Dessintey, technologie durable de rééducation intensive

[FOCUS] Dessintey, technologie durable de rééducation intensive

Créée en 2017 par 3 cofondateurs, Dessintey est une entreprise du dispositif médical spécialisée dans les technologies de rééducation intensive (neurologique et orthopédique) pour accélérer le retour à l’autonomie des patients en situation de handicap. Elle développe, produit et commercialise des équipements à destination des établissements de santé. Issue d’une collaboration pluridisciplinaire (médecin-chercheur, professeur et ingénieur), l’entreprise réalise la conception et l’assemblage de ses différents dispositifs médicaux à Saint-Étienne en s’appuyant sur un large réseau de partenaires industriels.

Son premier dispositif, l’IVS3 (Intensive Visual Simulation) répond aux besoins des patients victimes d’un AVC [1] ou d’un SDRC [2], de récupérer la motricité de leurs membres supérieurs. En se basant sur la thérapie miroir, l’IVS va rééduquer la capacité du cerveau à planifier le mouvement en favorisant la plasticité cérébrale : « Voir un mouvement, c’est presque le faire ».

Travailler avec un écosystème local

Au-delà de l’expertise en matière de santé, l’écosystème stéphanois est riche en compétences industrielles et, en particulier, dans la mécanique, l’électronique ou encore l’optique qui sont nécessaires au développement des produits de Dessintey. L’entreprise a ainsi pu trouver toutes ses ressources sur le territoire pour développer leur premier produit et le labelliser CE [3] pour sa mise sur le marché en seulement 2 ans et demi. En réalisant ce travail, Dessintey a pu constater la présence d’un fort potentiel sur le territoire. En effet, travailler avec des partenaires locaux a permis un développement dans la bienveillance et la proximité favorisant la relation humaine dans la collaboration. Travailler en local permet d’avoir des partenaires plutôt que des sous-traitants et offre la possibilité de faire des tests et des petites séries. Cela facilite aussi la gestion des flux et des stocks permettant une meilleure résilience de la chaîne d’approvisionnement. D’autre part, la possibilité de s’asseoir à une table et de discuter du projet dans la même langue permet un gain de temps et ainsi un gain économique. En effet, lorsque des négociations sont longues, les équipes de Dessintey sont parfois en stand- by sur le projet. L’attente représente alors un coût. Par ailleurs, lorsqu’on s’adresse à un fournisseur local, même si le coût initial est nettement plus cher, il est parfois possible d’envisager un prix acceptable grâce à une démarche qui vise à repenser la conception du produit en coopération avec le partenaire. Les équipes de Dessintey s’inscrivent généralement dans une démarche de challenge très fort sur les coûts de revient faisant preuve de créativité afin d’aller chercher des solutions économiques et écologiques performantes.

Design, ergonomie et éco-conception

Dessintey est porteur d’innovation technique et d’innovation d’usage. Ils développent leurs produits en co-création avec des designers, compétence stéphanoise d’excellence, afin de répondre au mieux aux besoins de santé que leurs produits adressent. Cette créativité leur permet d’être flexibles lors des discussions avec leurs fournisseurs et de pouvoir créer des pièces dont le coût économique est raisonné. Les produits sont alors également éco-conçus.

Efficacité

Le travail avec les designers a permis de se concentrer sur la fonctionnalité et l’hyper simplification. La question à se poser : « Est-ce que le client est capable de payer beaucoup plus cher pour cette fonction ? ». Dessintey a mis en pratique cette méthode de conception pour développer leur nouveau produit de rééducation. Le premier prototype de ce dispositif comptabilisait une vingtaine de modules (éléments électroniques ou non permettant un exercice de rééducation). Suite à des tests patients et en prenant en compte le coût de revient et de recyclage, la décision de réduire de 30% le nombre de modules a été prise. Ce choix écologique est basé sur l’amélioration de l’efficience du dispositif dont la seule fonction doit être le soin et rien d’autre qui ne serait qu’accessoire.

Réparabilité

Dessintey a également travaillé sur la fin de vie de ses dispositifs afin de les rendre réparables à l’infini. Les dispositifs médicaux de l’entreprise ont une conception mécanique sans collage afin d’être facilement démontables et donc réparables. Ainsi, les matériaux, qui sont tous recyclables, peuvent être séparés en fin de vie et restitués aux fournisseurs pour d’éventuelles réutilisations. Il est intéressant de notifier qu’il s’agit parfois d’un challenge technique puisque cette conception différente doit passer l’ensemble des tests de sécurité magnétique et électrique.

Modèle économique

Les produits de Dessintey ont une durée de vie estimée entre 15 et 30 ans. Cela conduit à un modèle économique qui doit garantir sa pérennité autrement que par la vente répétée du même équipement. Dessintey mise pour l’instant sur sa capacité d’innovation qui le protège de la concurrence et le démarchage de nouveaux clients qui est facilité par l’image de marque de l’entreprise (innovation, design, éco-conception et made in France). L’entreprise avait envisagé un modèle économique fondé sur l’économie de la fonctionnalité mais celui-ci n’a pas encore fait son chemin dans les pratiques hospitalières en matière de rééducation. Ces approches sont envisageables sur de gros équipements coûteux comme les scanners mais, actuellement, elles semblent difficiles à mettre en place pour tous les secteurs du soin. La gestion financière se fait encore par ligne budgétaire avec des modèles d’investissement sur 5 ans, loin d’un modèle de récurrence lié à la location ou à l’économie de la fonctionnalité et de la coopération. De plus, l’objectif des dispositifs de rééducation de Dessintey est d’augmenter l’intensité de la rééducation, ce qui est exclu dans un modèle économique qui serait directement proportionnel à l’utilisation et générerait un surcoût pour les établissements de soins. La vision est à l’opposé : rendre possible une rééducation intensive pour les patients !


Notes de bas de page :

[1].  Accident Vasculaire Cérébral
[2].  Syndrome Douloureux Régional Complexe : Algodystrophie et causalgie
[3].  Conforme aux exigences de l'Union Européenne en matière de sécurité, de santé et de protection de l'environnement


Source : ECLAIRA - Le Bulletin N°28 / avril 2024

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Auteur de la page

Arthur Bonglet

Community manager