Valurine : valoriser l’urine humaine dans l’agriculture

Valurine est un projet d’expérimentation dont l’objectif est d’étudier les impacts de l’urine comme amendement pour l’agriculture en plein champs.

Détails du projet

  • Structure porteuse : Ecosec
  • Nature de l'initiative : Démarche individuelle (entreprise ...)
  • Localisation : 111, rue du Faubourg Boutonnet, 34 090 MONTPELLIER
  • Date de début : janvier 2018
  • Date de fin : décembre 2019

Piliers de l‘économie circulaire

  • Recyclage
  • Eco-conception
  • Approvisionnement durable
  • Allongement de la durée d'usage
  • Consommation responsable
  • Economie de fonctionnalité
  • Ecologie industrielle et territoriale
Description

Ecosec est une entreprise qui fabrique et commercialise des toilettes sèches qui permettent la séparation des excréments et des urines. L'urine a de véritables qualités fertilisantes par sa concentration d’azote et de phosphore qui font partis des engrais NPK (azote, phosphore, potassium) traditionnellement utilisés en agriculture. 

Le projet Valurine vise donc à étudier les impacts de l’urine comme amendement pour l’agriculture en plein champs.

L’urine contient la grande majorité des nutriments rejetés par notre corps : 90% de l’Azote, 65% du phosphore et 75% du potassium. Aujourd’hui ces nutriments sont en grande majorité rejetés dans les eaux usées et sont traités par les stations d’épurations. Le phosphore est éliminé chimiquement et le traitement de l’Azote correspond à 50% de la consommation énergétique des stations. Celui-ci est alors rejeté dans l’air.

Dans le même temps, la France importe 100% de ses engrais :

  • L’Azote vient principalement des pays de l’OPEP. Il est fixé dans sa forme atmosphérique par une réaction hautement consommatrice d’énergie : Il faut une tonne de pétrole pour fabriquer 1 tonne d’azote.
  • Le phosphore est une ressource non renouvelable dont 80% des réserves se trouvent au Maroc et dont le pic de production est estimé entre 2030 et 2050.

Les couts écologiques et économiques de la production et l’importation de NPK s’ajoutent aux couts du traitement des eaux usées pour se débarrasser de ces mêmes nutriments. C’est cette incohérence que le projet Valurine souhaite éviter en démontrant les capacités de l’urine humaine comme fertilisant.

Grace à des études menées en partenariat avec l’Institut national de Recherche en Sciences et Technologies pour l’Environnement et l’Agriculture (INRESTEA), Ecosec a déjà prouvé l’efficacité de l’urine sur des bacs hors sols, notamment grâce à l’utilisation comme substrat d’une roche volcanique : la Chabasite. Celle-ci permet de stocker l’Azote pour le relâcher en fonction du besoin des plantes.  

L’étape suivante consistait à tester l’urine en plein champs. Pour cela, Ecosec a pu expérimenter sa solution sur une parcelle viticole du domaine de la Jasse de 2018 à 2019. A travers cette expérimentation, les objectifs étaient de :

  • Analyser l’impact de l’urine sur les sols par rapport aux engrais traditionnels
  • Analyser la qualité et la quantité de la production

Cette expérimentation a montré que l’urine avait un meilleur rendement que les engrais traditionnels et ne polluaient pas les nappes phréatiques. De plus, aucun impact sur les sols n’a été relevé jusqu’à présent. Cependant l’analyse doit se faire sur une temporalité plus longue pour affirmer la non-pollution des sols, notamment en termes de salinisation.     

Coûts de l'initiative

200000 €

Résultats qualitatifs et chiffres clés

Les objectifs du projet Valurine sont de :

  • Valoriser l’urine, considérée aujourd’hui comme un déchet, dans la fertilisation agricole.
  • Diminuer les importations et le cout de production, tant écologique qu’économique, des engrais NPK.
  • Diminuer l’empreinte écologique des stations d’épuration en triant les effluents à la source.

En valorisant l’urine, Ecosec diminue la quantité de déchet, qui n’ont plus à être traités, et remplace les engrais NPK couteux en termes de production et d’importation. 

En moyenne, l’urine d’un humain produit 20Kg d’Azote par an et 8Kg de phosphore par an, ce qui permettrait de fertiliser 100m2 de terrain.

Cette solution permettrait d’éviter la consommation d’une tonne de pétrole nécessaire à la production de l’azote et d’une autre tonne de pétrole nécessaire au traitement de l’azote en station d’épuration.

Historique et perspectives de l’initiative

  • Avril 2015 : Création d’Ecosec, entreprise spécialisée dans la fabrication de toilettes sèches et la revalorisation des effluents. L’activité adresse tout d’abord les festivals et les sites isolés.
  • Mai 2015 : Partenariat avec l’IRESTEA de Montpellier (l’Institut national de Recherche en Sciences et Technologies pour l’Environnement et l’Agriculture) qui a permis de mener des études pour la valorisation d’urine sur des bacs hors sols.
  • 2018 : Financement par l’agence de l’eau pour mener des tests en plein champs au domaine de la Jasse :  Début du projet pilote Valurine
  • 2019 : Fin du projet pilote Valurine

Perspectives

L’objectif est de démocratiser l’utilisation de l’urine comme fertilisant agricole. Pour cela Ecosec souhaite développer ce projet sur d’autres parcelles agricoles et changer les a priori vis-à-vis de l’utilisation de l’urine, tant des agriculteurs que des consommateurs.

A travers les études menées, l’entreprise souhaite aussi rendre possible l’utilisation de l’urine pour l’agriculture biologique.  

 A terme le rêve de l’entreprise est d’avoir un modèle d’économie parfaitement circulaire, où les camions transportant les produits agricoles des campagnes aux villes font le trajet du retour avec l’urine des citadins.

Facteurs d'accélération et freins

Les freins sont principalement d’ordre psychologique :  

L’urine humaine est très mal perçue, notamment à cause des médicaments et des drogues qui peuvent être ingurgités. Son utilisation en tant qu’engrais est cependant légale (mais très peu utilisée car il n’y a pas ou peu de solution de récupération). Seule l’agriculture biologique ne l’accepte pas, alors que sont autorisés les engrais issus de fumiers d’élevage conventionels qui sont plus nocifs que l’urine des citadins.

La perception du consommateur est aussi un frein pour les exploitations agricoles qui sont réticentes à utiliser l’urine comme fertilisant. 

 

Les principaux leviers sont les impacts économiques et écologiques liés à la valorisation d’urine.

Le projet pilote au domaine de la Jasse a aussi servi de levier en prouvant l’efficacité de cette solution.

Domaines d’activités

  • Agriculture

Ressources

  • Biodéchet
Mise en oeuvre

Partenaires

  • L’IRSTEA

  • L’IEM

  • Le Domaine de la Jasse

  • L’Agence de l’Eau

Moyens techniques et méthodologies

Pour le projet Valurine, les urines ont été collectées sur un festival Montpelliérain, un centre d’expérimentation en Suisse et à la fête de la France Insoumise.

L’urine a ensuite été nitrifiée et distillée, ce qui a permis de se débarrasser de l’eau, qui représente 95% de l’urine, et de garder les nutriments. Ces nutriments ont ensuite été épandus sur le domaine de la Jasse par un système de tuyau de goutte à goutte. 

Différentes études ont été menées pour ce projet :

  • Étude de faisabilité
  • Étude sociologique sur l’accueil du vin issu des parcelles testées par Valurine

Moyens humains

7 ETP 

Financeurs

  • L’IRSTEA

  • L’IEM

  • L’Agence de l’Eau

  • La Région Occitanie

  • L’ADEME

Financement

Appel à projet
Documents

Documents

  • Concrétiser la valorisation agronomique de l’urine humain

  • Protocole expérimental : Valorisation de l’urine au Domaine de la Jasse
Partager:
99
Auteur de la page

Benjamin Clouet

Modérateur

Utilisateur